Il y a cet homme assis sur un daim ou debout dans le froid
Il pleut dans sa caravane, passe, les chiens aboient
Une décharge de piécettes, négligemment jetées devant lui
Sa couverture sociale : un tissu d’inepties
Sur une vieille radio passe « le temps des keurises »
Un standard de jaserie aux stupéfiantes reprises
Coups droits ou revers de ces beaux volleyeurs,
Nouvelles interprétations de ces maitres chanteurs
Il sont, de bon matin déjà postés dans leur nid-de-pie
Occupés à jacasser dans leur costume queue-de-pie
Ils avancent en tapinois pour palper tout ce qui brille
Les renégats sont de ceux qui volent en escadrille
Il y a le gars René, mais à son égard
Le renégat guindé n’a plus guère qu’un regard
Si René s’égara naguère, c’est n’est pas par mégarde
Que le renégat le largue engourdi sur un quai de gare
Liberté ! La sienne est de dicter la tienne
Ta destinée, c’est de faire ce qu’il dit
Si tu n’es pas content, qu’à cela ne tienne,
Tu peux toujours voter pour un nouvel effendi
Egalité ! Pour toi, ce sera trois mois fermes
Lui soustrait des millions mais produit un sauf-conduit
Pour l’orange du marchand on te fait l’épiderme
La justice est la même pour tous… Pour tous ceux inférieurs à lui
Fraternité ! Le gérant argenté te régente
Il arrange son argenterie pour qu’elle prenne la tangente
Car sous ses beaux atours, ce n’est guère qu’un vautour
Il ne parle de t’aider que dans l’entre-deux-tours
Il y a le gars René, mais à son égard
Le renégat guindé n’a plus guère qu’un regard
Si René s’égara naguère, c’est n’est pas par mégarde
Que le renégat le largue engourdi sur un quai de gare
N’adoube pas ces roitelets
Ils vendraient père et mère pour investir le castelet
Bien qu’ils sont volubiles, ils n’ont aucune parole
Elle ne sert qu’à couvrir le vacarme de leurs casseroles
Leur devise se résume à « Notabilité »
Ils n’ont guère que l’argent pour compenser sa vacuité
L’intérêt général leur est sans intérêt
L’individualisme est leur marqueur de « progrès »
Leur seule nation est celle qu’ils peuvent s’accaparer
Disent ne vouloir pour loi que celle du marché
Mais ils appellent à l’aide quand leurs bulles crèvent en bourse
Alors qu’ils laissent crever ceux qui sont en bout de course
Il y a le gars René, mais à son égard
Le renégat guindé n’a plus guère qu’un regard
Si René s’égara naguère, c’est n’est pas par mégarde
Que le renégat le largue engourdi sur un quai de gare