Texte & Musique : Thibault Muller
Un beau matin il est présenté en grande pompe,
Evénement unique pour un parterre de figures.
Elles restent éblouies par ces quelques lignes
Animant et reliant, ces silhouettes miniatures.
« Bonjour à tous, y’a du nouveau sur le marché,
Le petit théâtre de marionnettes s’est installé
Vous le verrez bientôt dans tous vos lieux de vie,
Pour assister au spectacle, le ticket est gratuit »
Sa stratégie pour attirer les honnêtes gens,
A toujours été la même : il essaie d’être divertissant.
La recette en est simple : il faut vous faire marrer
Quand ça ne suffit plus, oser la vulgarité
De temps en temps on vous tire quelques larmes,
De joie, de peine, peu importe, tant que coule le canal lacrymal
Ces émotions induites vous font baisser les armes
Pour mieux vous abrutir d’un message commercial
Le petit thé devant l’âtre a été supplanté
Par le petit théâtre et sa lumière bleutée
Le spectateur opiniâtre de ces atrocités
Y succombe sans se battre, ses pupilles sont dilatées
Devant le petit théâtre y’a de quoi se sustenter :
Tente le diner en tête à tête avec ces têtards agités
Dans l’bocal, ils sont à la fête car c’est leur tête
Qui s’apprête à apparaitre dans le JT
Petit à petit le spectacle de cette comédie
Suscite des vocations, devient « the place to be »
On y observe de plus en plus de personnages
Qui feraient tout pour venir peupler les lignes du tramage
Chacun y ouvre son officine
Et y distille son atropine
Injectant par voie oculaire
Une bleue et hypnotique lumière
De noir et blanc, jusqu’en couleur, de jour, de nuit, même à Noël
Le petit théâtre fait fureur, ses chaines défilent en carrousel
Les différents apothicaires, pointent du doigt et brassent du vent
Dans la surenchère, participent de l’abrutissement
Ils entrent à jardin et accourent, exposent leur sale besogne
Crimes odieux et vilains tours, ont leur lot de charognes
L’affreux théâtre des horreurs, lucarne sur l’infamie
Trouve toujours un nouvel acteur qui exprimera la barbarie
Le petit thé devant l’âtre a été supplanté
Par le petit théâtre et sa lumière bleutée
Les spectateurs opiniâtres de ces atrocités
Les réclament à la hâte, comme autant d’opiacés
Ce qui les tâte puis qui les tente, tout ce qu’ils matent puis qui les hante
S’apparente à la cruauté, les épouvante pour de l’audience
Ils idolâtrent leur scintillante télé insomniante tel est
Leur sentimental état d’accoutumance
Et chaque jour dans son castelet
Le grand guignol gesticule
Il te les casse tes pédicules,
Toi, l’arbre qui cache la forêt !
Avec lui pas d’effets spéciaux, uniquement un effet d’annonce
Car chaque discours qu’il prononce n’est qu’une fable jouée au flutiau
Ne t’y trompe pas, son image d’humaniste n’est guère qu’un écran de fumiste,
Il passe son temps à pavoiser au bras de sa dulcinée du ciné.
Devant ce triste spectacle la plupart voudraient le déloger, mais n’ont qu’une image à japper
Ils ont bien prévu de se soulever, d’un jour sortir le poing levé
Mais ils ont beau hausser le ton, espérer une révolution
Ces révoltés de salon sont les rois de l’acclimatation
Regarde plutôt dans les coulisses
Du petit théâtre et retrouve les marionnettistes
Avant qu’ils n’usent de leurs ficelles,
Fassent de toi leur prochain Polichinelle
Tu les croiseras sur leur perchoir
Dépeignant le décor en noir
Leurs beaux gants blancs de suzerains
Recouvrant le sang qu’ils ont sur les mains
Libère-toi enfin de tes chaines
Homo sapiens institutus
Découvre comme elles sont anxiogènes
En tentent de te manipuler par la frousse
Ne les laisse pas te domestiquer
Ne redoutes pas cette liberté
De voir le monde, de t’impliquer
Et fais péter ta TNT !
Car j’ai le PAF dans le pif, ce pornographe nocif
Scénographe maladif des affres de l’intrusif
Polygraphe informatif, brévigraphe du fictif
Paraphe à tout tarif, c’est à s’en arracher les tifs
Oui j’ai le PAF dans le pif, ce pornographe nocif
Scénographe maladif des affres de l’intrusif
Polygraphe informatif, brévigraphe du fictif
Paraphe à tout tarif, c’est à s’en arracher les tifs